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Corse, GR20

Il y a 5 mois, des potes parlent de leur projet de faire la traversée de la corse. Je connais de réputation, ça doit être fun et beau. Banco.

Le choix est fait de le faire en sens sud nord, pour s’habituer à la difficulté, et pour laisser le temps à la neige de fondre.
Et puis on part en mode de tranquille, on a 15 jours pour faire les 16 étapes.

J’avais aucun équipement light donc j’ai du pas mal acheter. En plus on a prévu d’être en semi autonomie, toujours avoir de la bouffe d’avance et dormir en tente.

A deux semaines du départ, je fais remarquer aux potes que les refuges sont pas officiellement ouverts, et qu’en plus faut réserver même en tente. Moment de flottement, on part quand même à l’arrache. Moi encore plus que les autres puisque j’ai réservé mon billet pour le bateau la veille (et pour le retour, ça sera le jour même).

Niveau préparation, je m’étais dit que je partais pas au dessus d’un un certain poids. Raté, 85kg pour 1.70m au départ.

Et niveau entrainement, histoire de voir le poids du sac, j’ai fait deux sorties pour un cumul de 700 m de d+ dans les 10 jours avant le départ. Top. Enfin au moins j’ai validé que 17kg c’est trop, et que faut que j’aille un peu plus à l’essentiel.

Donc niveau matos, avec le retour post rando.
– Un sac osprey 60L. Pas light, 2.8kg. Mais bien confort et assez pratique.
– Tente nemo wide 2p, 1.6kg. J’étais tout seul en tente, donc plutôt pas mal d’espace. Je trouve qu’elle a cependant pas mal tendance à prendre le vent. Un peu léger pour une trois saisons.
– Matelas thermarest je sais pas quoi 7.5cm d’épaisseur. Je l’ai trouvé un peu long et pas assez large. J’ai mis un moment pour comprendre qu’il fallait pas que je le gonfle trop ( je dors sur le côté). Dans l’ensemble content mais si c’était à refaire je reprendrai pas exactement ce modèle.
– Duvet cumulus 0 degré à 750gr. Pas mal, j’ai pas eu froid, mais j’avais ajouté un drap de soie sea to summit +10 degrés.
– 2 kg de bouffe. Par radinerie principalement. Des barres de céréales et un peu de lyophilisé.
– Gopro et pince. J’envisageais de prendre le mini trépied, mais quand je l’ai pesé, 500gr, j’ai acheté la pince dont j’ai été super content. Environ 500gr l’ensemble. J’ai pas pris d’apn, le téléphone et la gopro, et deux apn sur le groupe de quatre suffiront bien.
– Un panneau solaire goal zero nomad 7 avec sa batterie switch 8, vu qu’on savait pas trop pour l’ouverture des refuges. Marche pas mal, mais finalement pas utile pour notre usage, en squattant toutes les prises que l’on peut trouver, ça suffit. Attention, le panneau fait plus de 100gr de plus qu’annoncé…
– GPS: j’ai un garmin edge et une fenix 2, je prend que la montre et installe sur le smartphone l’appli mytrails avec le préchargement de la cartographie OSM, j’aurais su, j’aurais pris la openhikemap, il y a le relief en plus. Mais ça a très bien fonctionné pour les quelques fois ou on en a eu besoin.

Au total, 13.5 kg sans l’eau au début, je vais rarement dépasser les 1.75 l d’eau à part sur les étapes longues et annoncées sans eau.

Pas trop souffert du poids, un peu les deux trois premiers jours, le temps de s’y habituer.

  • J0

On est à l’arrache dans le bateau, Marseille -> Porto-Vecchio. En fauteuil « confort », perso j’ai gonflé le matelas et ai dormi dans un coin, c’était bien mieux.

  • J1 Conca -> Paliri : +1250 / -450

J01p J01

Débarquement 8h15 avec un quart d’heure de retard, direction la gare routière. 20 mn de marche et on arrive. Le bus qui va à Conca, point de départ du GR, part 8h. Premier coup tordu pour faire raquer les randonneurs. Comme il faut qu’on parte aujourd’hui, taxi, 47€ à quatre, ça va.
La première étape est vraiment superbe, pleins de paysages différents, de quoi se baigner, mais l’étape nous paraît super longue pour une étape sensée être facile. Au final j’ai 1300m au lieu de 900 à l’alti, ce sera une constante, les dénivelés sont systématiquement minorés par le guide.
Le refuge de Paliri est top, super emplacement, gardien sympa et honnête (on a eu les tickets de camping, il n’y a que à Petra Piana, Asco et Carrozu qu’on en aura d’autres). Et la bouffe très bonne avec la compagnie de grenoblois sympa avec nous (On vient de Grenoble, on verra fréquemment que le GR20 est petit).

J01Depart
oui, on le fait dans le sens inverse de la majorité, on sait

 

  • J2 Paliri -> Asinau : +1300 / -800

J02p J02

L’étape des aiguilles de Bavella. J’ai eu des échos avant de partir, et pousse pour faire la variante alpine. Sur les 4, il y a Cédric qui va traîner pendant tout le séjour , un peu en dessous physiquement, faut bien traîner le poids d’un avant de rugby. Mais volontaire et avec un sacré moral. Il a accepté quasiment toutes les conneries qu’on a voulu faire. Et donc la il accepte aussi.
Vraiment content parce que la variante vaut vraiment le coup. Technique et belle, elle met en condition pour la suite du séjour.
On arrive au refuge d’Asinau après une bonne journée, il y a beaucoup de monde, certains galèrent pour trouver un emplacement tente et en plus il commence à pleuvoir et fait bien froid.
Le gardien du refuge est débordé et nous annonce un repas vers 20h30, on décide de manger dehors malgré le temps. Nickel, ça se calme, et pour s’excuser on aura un deuxième saladier de lentilles figatelles.

J02Rappel
Un peu de verticalité dans ce monde déjà pas plat.

 

  • J3 Asinau -> Usculiu : +1250 / -1050

J03p J03

Comme on est obligé de sauter une étape pour être dans les délais, on décide de passer par l’ancien GR. Le sentier a été détourné pour passer par un nouveau refuge privé et couper ce qui était l’étape la plus longue. Étape vraiment longue, quasi 10h, mais la belle montée qu’on nous avait annoncé terrible après Asinau passe plutôt bien, la suite en descente douce sur les crêtes est superbe, et le final dans des crêtes techniques pour arriver à Usculiu est magnifique.
Le chien du gardien nous a suivi quasiment toute l’étape, c’est fun, mais il arrive bien mort et faudra qu’il fasse le trajet inverse. On a fait l’étape avec un couple de canadiens qu’on verra souvent sur les prochaines étapes. On marche un peu plus vite qu’eux mais on fait plus de pauses, ce qui fait qu’on avance au même rythme.
Le refuge est pas très bien placé pour planter sa tente, je fais ça un peu à l’arrache en espérant que le beau temps tienne, mais pas de bol, le vent se lève et je suis contraint d’aller replanter ma tente ailleurs en urgence au moment de se coucher.

J03Sommet
Vu sur la vallée, au fond, le refuge de Matalza, on l’on ne passera pas.

 

 

J03cochons
Des cochons pas sauvage (sauf quand le chien a attaqué)

 

  • J4 Usculiu -> Bocca di Verde : +950 / -1450

J04p J04

Au lever, il pleut, on traîne, et finalement quand on part, ça c’est plus ou moins arrêté. Par contre on a beaucoup beaucoup de vent, et le thème du jour est crêtes techniques. Dommage, c’était sûrement superbe, mais on a eu 30m de visibilité la plupart de la journée. Arrivée pas tardive au refuge de Prati, on décide de tracer jusqu’à Bocca di Verde, quelques centaines de mètres plus bas. On nous a plusieurs fois vanté les grillades et la douche chaude, on ne sera pas déçu. Gite d’étape top, on décide de dormir dans le dortoir pour laisser la tente sécher. Cédric est arrivé complètement mort, et s’endort d’un sommeil que l’on qualifiera de sangliesque.

  • J5 Bocca di Verde -> e Campani : +700 / -400

J05p J05

L’étape est courte et facile, mais avec les dernières étapes rallongées, on décide de se la jouer cool aujourd’hui et demain pour récupérer avant le nord. On arrive au refuge, ou il y a toutes les commodités, on est dans une station de ski. Parce que c’est pas cher, on décide de dormir dans le refuge et de payer le supplément douche chaude, qui est vraiment bonne. Après-midi tarot, et très bon repas avant d’aller pioncer. C’est cool le sanglier est moins fatigué, il ronfle moins fort qu’hier.

  • J6 E Capanelle -> Vizzavone : +450 / -950

J06p J06

Après moultes recherches, on en vient à la conclusion qu’il n’y a pas de distributeurs d’argent à Vizzavone. On envoie Vincent torcher l’étape en éclaireur pour prendre le train pour Corte, faire le plein de liquide et de bouffe, et revenir.
Pendant ce temps on glandouille, part tard parce que l’étape est courte, et qu’en plus on dort à focce di Vizzavone, un peu plus haut que le village, histoire de raccourcir l’étape de demain qui s’annonce bien dure.
Sauf qu’on se perd (on est sur une variante, pas sur le GR), qu’il commence à pleuvoir et qu’on prend un coup au moral en arrivant au refuge apres 6h et 300m de dénivelé en plus.
On décide de prendre le gîte, la flemme de monter la tente sous la pluie. Et c’est vraiment bien, pas cher, tout neuf, les patrons sont sympas, on se retrouve dans un espèce de bungalow tout en bois, avec une belle salle de bain et des bons couchages.

J06vue
Fin du sud, le nord se dresse face à nous.

 

 

  • J7 Vizzavone -> Petra Piana : +1900 / -1200

J07p J07

On attaque la journée qui s’annonce longue par une montée de 1200m non stop. De quoi bien se réveiller…
Elle passe plutôt bien, et on arrive vers 11h au dessus du refuge de l’Onda. On arrive à motiver notre sanglier pour faire la variante des crêtes pour tracer jusqu’à Petra Piana.
Le temps tourne, mais l’orage annoncé nous évite et on arrive au sec mais bien fatigué au refuge après encore une bonne étape de plus de 10h.
Montage de tente, approvisionnement auprès du vieux gardien très sympathique, et on se prépare une bonne bouffe dans la cuisine du refuge.

J07col
Ça se passe pas mal, ces vacances repos 😮

 

J07refuge
Ma « petite » tente nemo, qui va bien prendre le vent ce soir

 

  • J8 Petra Piana -> Soccia : +650 / -1750

J08p J08 profil

Le vent s’est bien levé et je sais pas trop pourquoi, mais malgré le fait que j’étais mort, j’ai quasi pas dormi, max 2h. Je me lève à 5h (comme quasi tous les jours) complètement explosé.
En plus grosse journée aujourd’hui, il y a une brèche fortement enneigée sur le parcours qu’un ne se sent pas de passer.
Le but est donc de faire deux liaisons en redescendant dans la vallée pour rejoindre le refuge de Manganu avec au moins 10h d’étapes. Sauf qu’on nous annonce de gros orages dans l’après-midi (quoi, comme d’habitude ?). La descente sur Guagno se révèle plus longue que prévue et les groupes qu’on croise nous dise que le tour est vraiment long.
On prend la pluie avant la remontée sur Orto, et je suis pas fan de se promener en montagne avec l’orage, donc on trace jusqu’à Soccia pour aller dormir dans un hôtel un peu miteux, mais ou on mangera très bien dans le snack à côté.

  • J9 Soccia -> Castel del Vergio : +1450 / -800

J09p J09

Il fait beau, on s’est oublié au réveil, ce qui fait qu’on part plus tard que prévu, vers 6h15. On remonte sur Manganu, la montée est plutôt courte, et il est pas 11 heure quand on arrive au refuge. Un bon casse-dale, un petit peu de motivation, et on trace jusqu’à Castel del Vergio, étape privée à 6h de Manganu, qui permet de couper la grosse étape qui mène normalement à Ciottulu di Mori.
Cette partie est vraiment roulante, on se permet de faire un gros sprint dans le coup de cul de 70 de d+ qui mène au refuge. C’est cool, la forme est encore là.
Le patron de l’hôtel / gîte / terrain est un gros con qui nous donne aucune envie de dépenser des sous, mais on prend quand même le repas, 25€ pour des trucs pas bons. Franchement, refuge à éviter. Ah oui j’ai oublié de parler de la douche vendue chaude et plutôt froide au final.

J09vache
Selfie vache

 

J09mineral
C’est un peu rocailleux le coin non?

 

 

  • J10 Castel Del Vergio -> bergeries de Ballonne : +850 / -800

J10p J10

Bon, nuit vraiment pas terrible, on a eu la visite d’un renard. Je l’ai entendu passer à côté de ma tente, se diriger vers celle des potes, mais pas de dégâts chez nous.
Par contre tous le monde peut pas en dire autant. De la bouffe volée et surtout des vraies attaques en bon et du forme. Une fille qui se fait mordre le pouce à travers son duvet alors qu’elle bougeait pas, et soudain un hurlement déchire la nuit. Un gars sent des crocs sur son crâne, se retourne pour se défendre et se fait niaquer la paume plus profondément. Terreur sur le campement. Avec l’appel au samu pour vérifier pour la rage, l’adrénaline, la nuit est plutôt agitée.
On part finalement, direction les bergeries de Ballone. Ça fait une bonne étape, on passe le refuge de Ciutullu Di Mori avant une longue descente assez technique qui nous amène aux Bergerie.
L’accueil par le cuistot est infecte, mais le reste de l’équipe est beaucoup plus sympa. Et la bouffe plutôt bonne pour un prix contenu, douche chaude comprise.
Juste le temps de planter les tentes, que le déluge commence. On va passer encore une aprem à jouer aux cartes. Comme tous les jours, ça ne dure que quelques heures, il fait beau tous les soirs.

J10Cascade
passage de torrent

 

 

  • J11 Bergerie de Ballonne -> Calasima : +50 / -400 !

J11p J11

Le cirque de la solitude est encore très enneigé, il faut de l’équipement que l’on a pas pour passer (crampons et piolet). Et vu le récit de certains qui se sont fait vraiment peur, même équipés, on trouve plus sage d’emprunter la liaison bus mise en place. Pour ça faut descendre à Calasima (il y a du soleil et des nanas tarladida).
On rejoint ascu stagnu, un refuge tout confort dans une ancienne station de ski, avec une épicerie bien fournie, de la pietra à 4€50 les 50cl et des douches presque chaudes.
Encore une après midi orageuse / tarots avant un bon repas au restau de la station (le refuge ne fait pas à manger)

  • J12 Ascu Stagnu -> Carrozu : +650 / -850

J12pJ12 profil

Bonne nuit au calme, avant d’attaquer une étape courte qui nous mène au refuge de Carrozu. Une grosse montée puis une belle descente sur le lacu di Muvrella, avec un joli névé de 150m de d- pris presque prudemment.
On arrive super tôt au refuge, mais refus catégorique de doubler l’étape.
Premier jour ou l’après-midi reste sec, mais faute d’autres occupations, on joue aux cartes. L’équipe du refuge est très sympa, on aura du rab de pâtes au repas, mais celui-ci étant à 18h, à 19h30, on est couché.

J12pano
C’est pas mal le coin! on s’arrêterait pas manger le 17eme saucisson de voyage les gars?

 

 

J12neve
Le névé de la peur (descendu en courant au final)

 

 

J12Cascade
Joli descente bien technique ou on a fait les mouflons

 

 

  • J13 Carrozu -> Calenzana : +1150 / -2200

J13pJ13 profil

Bonne nuit, pour la première fois depuis le départ, la tente est sèche au réveil, ça qui permet un package super rapide et un départ à 6h15.
L’étape est encore une grosse montée ( durant laquelle on verra nos seuls bouquetins) puis une descente très accidentée, avant 10mn de course à pied dans un pari débile pour arriver au refuge.
On est presque tous au refuge vers 11h15, on prépare le casse croûte, et dès que le dernier arrive, on attaque le harcèlement moral pour doubler et finir aujourd’hui. On gagne au prix d’un allègement de son sac au profit des nôtres.
Il reste que 1500m de dénivelé négatif que l’on fera tranquillement pour arriver à Calenzana fatigué mais heureux. On file au bar fêter notre périple réussi puis au gîte d’étape (ou on en profite pour croiser des connaissances qui s’apprêtent à attaquer la partie nord) avant un gros repas en ville.

J13Mouflon
Des grosse bêtes des montagnes, c’est cool d’être les premiers randonneurs de la journée

 

 

J13fin
hum, ça sent bon la fin et encore une pietra

 

Retour à la civilisation.

Ce que j’ai aimé :
Le sentier, technique, beau, varié.
L’ambiance entre les randonneurs, tout le monde est détendu et on discute facilement.
Le faire en équipe presque homogènes, on a bien rigolé pendant 15 jours.
Quasi pas de bobos pour les quatre.
L’accueil aux refuge, globalement bon et bien meilleur que ce soit à quoi je m’attendais.
Être à l’arrache et en tente qui nous a permis de faire ce qu’on voulait niveau étapes.
Le sac raisonnablement lourd par rapport à d’autres.
La relativement faible fréquentation à cette époque.
La météo, on a souvent eu de la pluie l’après-midi mais on rarement marché dessous.
La bouffe.
Le réseau mobile, avec virgin, j’ai pu envoyer des photos tous les jours pour suivre nos aventures. Free c’est pas ça par contre.
Le prix des bière, 6€ les 50cl, on en a payé des plus chères en bar en bas. Enfin heureusement, parce qu’on y a laissé pas loin de 100€ chacun en 2 semaines

Ce que j’ai moins aimé :
Castel di Vergio dans son ensemble
La douche ultra froide et la nuit a pietra pana
Le coût global, environ 600€ chacun rien que sur le GR.
La connasse de blablacar qui m’a posé un lapin pour le retour.
Les ronflements

Aujourd’hui, ça me trotte d’y retourner en mode light, sac de 8kg maxi, et en mini doublant toutes les étapes, ça doit passer plutôt bien je pense.

MonGR20

1 thought on “Corse, GR20

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