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Une diagonale pour les fous

C’est un mythe, le Graal pour de nombreux coureurs. Qu’est ce qui nous pousse à être au départ d’une course de 170km et 10000 mètres de dénivelé ? Qu’est ce qui nous fait avancer après deux nuits blanches ? La réponse de l’orga, c’est la folie. 

Petit retour en arrière. Novembre 2018, on rentre de nos 6 mois de voyage en Asie dans la grisaille grenobloise. Besoin de se donner des objectifs, pour que le retour ne tourne pas à la dépression. La diag’, c’est un rêve pour Agathe, ma réunionnaise, déjà deux trails de Bourbons au compteur. Et pour moi un ultra est passage obligé dans une vie, pour voir ce que c’est. On ne connait pas ses limites tant que l’on ne les approche pas. Et à priori, ça doit être un bon moyen de les approcher. En espérant ne pas les dépasser.

Donc ce sera l’objectif de la saison 2019. Saison uniquement orientée la dessus, puisqu’il faut qu’on marque les points nécessaires à l’inscription. Ça se passe du coté du Vigan avec le Ceven Trail, puis en Suisse avec le Swiss Canyon Trail. Plutôt bien vu l’entrainement assez faible pour cause de rénovation d’appart.

Bon par contre va falloir augmenter le volume en juillet. Et paf, début juillet aponévrosite, et douleur sous le talon, plus possible de courir en mettant du rythme, que de la rando possible. Ca passe pas, ca fait pas vraiment mal si je randonne tranquille, mais pas vraiment possible de trailer. Et 2 semaines de repos n’y font rien. Osthéo non plus. Bref, c’est la merde

Donc on décolle pour la Réunion avec très peu de volume pour moi. 25km de moyenne hebdomadaire sur les six derniers mois. Autant dire que la confiance n’est pas la. Et j’ai toujours mal au pied.

L’objectif, c’est clairement de finir, pas possible de viser mieux dans ces conditions. Agathe espère mieux, moins de 45h. Donc on part pas pour faire la course ensemble.

Finalement, ça permet de pas trop stresser malgré l’énormité du bordel. Je connais une partie du parcours, du Kerveguen au Maido en gros, en enlevant un bout dans Mafate. C’est pas roulant, je le sais.

Faut quand même essayer de planifier ça, parce que la famille est venue, la belle famile est sur place, et qu’il faut leur donner des temps de passage, alors, conjecture, hypothèses espoir se regroupent pour donner des chiffres, alors qu’il faut le dire, j’en ai vraiment aucune idée.

Bon autant le dire tout de suite, ça n’a pas vraiment été aussi simple que ça.

Ca se lit du bas vers le haut en général

Bon, on est donc bien arrivé au bout. Ensemble. en 60h. Soit 3 nuits dehors. Pas vraiment ce pour quoi on avait signé. L’arrivée, c’est un peu un mix entre lassitude, joie et déception.

Lassitude, forcement,  soixante heures à mettre un pied devant l’autre, il y a un moment ou même du moonwalk ferait envie, histoire de changer. 

Joie, bien sur, c’est l’arrivée, t-shirt finisher, médaille, rougail saucisse. On a traversé des superbes paysages, il n’y quasi pas de douleurs (une cheville bloquée),  aucune ampoule, et il n’y aura même pas de courbatures (comme quoi, j’aurais peut être du forcer à un moment donné). Ca a été finalement une longue rando dont on a bien profité. Et puis soixante heure ensemble (à part quand elle a essayé de me semer), on s’est même pas engueulé une fois.

Déception, parce que bordel, avait d’y aller, je me demandai comment c’était possible de fleurter avec les barrières horaires. 2.8km/h de moyen, bordel ! Pourquoi j’étais plus dans le mal au bout de vingt kilomètres qu’après les quatre vingt du Swiss Canyon Trail, c’est pas une question d’entrainement, j’en avais pas plus. Pourquoi cette incapacité à courir en faux plat descendant après seulement soixante kilomètres ? bref plein de questions à se poser et à trouver, parce que forcement, cette première ne sera pas la dernière.

C’est impressionnant cette capacité du corps à repousser ses limites. Globalement, j’ai très peu dormi, moins de trois heures. On s’est arrêté six heures en cinq fois pour dormir, mais impossible pour moi de m’endormir vite. Si il y a du bruit, un element extérieur dérangeant, pas dodo. Et pourtant à l’arrivée, je tombais pas de sommeil. Si il avait fallu continuer 30 bornes, je les aurais probablement fait.

Il y a des moments de doutes, quand on voit les barrières horaires se rapprocher alors qu’on pensait être large, quand on remet de la creme anti frottement dans la raie des fesses après la pause caca, quand à la vingtième barre on commence à être dégoutter (heureusement que les perfusions de rougail saucisse étaient à intervalles réguliers), mais rétrospectivement, c’était quand même beaucoup de plaisir, une fois accepté le fait qu’on ne battra pas des records de vitesses.

Un petit plus / moins du grand raid

+ L’ambiance est folle. Entre le départ ou on à l’impression d’être sur une étape du tour de France, et l’arrivée, il y a du monde tout le long. Même au fond de Mafate, on trouve des gens qui encouragent. C’est une grande et belle fête sur l’île. La contre partie, c’est que pour dormir à un ravito, faut douze paires de boule quiès.

+ Les bénévoles, ils sont toujours la à faire le maximum. avec le sourire, même à 5h du matin.

+ Des trucs qui ont quand même super bien marché. J’ai tellement mangé que j’ai pris du poids sur la course. Aucune ampoule, aucun frottement sur tout le corps. 

+ Avoir des gens qui suivent, c’est un gros boost pour le moral. 

+ Même pas plus mal au pied à la fin qu’au début.

+On a eu une énorme chance avec le temps. Pas de pluie, et pas de montée l’après midi en plein cagnard, toujours le timing pour que celles qu’on a fait a ce moment de la journée soient à l’ombre

– Certains points d’orga : 1h30 pour récupérer un dossard. 1h15 pour poser un sac.

– Les premiers ravito qui n’étaient pas prêt, qui n’avaient pas anticipés le froid.

– L’aire d’arrivée. Pas d’ombre, pas de chaise, beaucoup de stands, mais aucune envie de rester si c’est pour faire une insolation. Et si il pleut, c’est pas mieux.

Ca reste une superbe aventure.

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